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9 septembre 2016

L'odeur de la forêt, d'Hélène Gestern

Une correspondance incomplète, des clichés clandestins, un journal codé, voilà les premières cartes du jeu de patience que va mener Elisabeth Bathori, une historienne de la photographie, et qui l'emmènera bien plus loin qu'elle ne le pensait. Car L'Odeur de la forêt est une traversée de la perte, à la recherche des histoires de disparus, avalés par la guerre - la Première puis la Seconde Guerre mondiale -, le temps et le silence. Mais ce roman ample, prolifique, multiple, célèbre aussi et surtout la force inattendue de l'amour et de la mémoire, lorsqu'il s'agit d'éclairer le devenir de leurs traces : celles qui éclairent, mais aussi dévorent les vivants. . . . En découvrant le synopsis du nouveau Hélène Gestern, je suis tombé sous le charme. Il me le fallait absolument n'ayant jamais été déçu par l'auteure. Je percevais une puissance émaner de ces 700 pages. Je me suis empressé d'aller l'acheter... "L'odeur de la forêt" est un livre où l'on découvre des vies au fil des recherches de l'héroïne. Les jours, les semaines, les mois voire le siècle défilent au fil des pages. On est pris par l'écriture de l'auteure, d'une douceur, d'une beauté et d'une complexe simplicité. Elle parle avec pudeur, extravagance, crainte, espoir, désespoir de la vie, de la mort et de l'amour. On découvre ou redécouvre les tourments humains face à l'amour. L'auteure pose des mots, des émotions sur les attentions, même les plus minimes, que l'on a lorsque l'être aimé devient plus important que soi-même. Lire Hélène Gestern parlant d'amour est comme ressentir une chaleur irradier notre être. "L'odeur de la forêt" n'est pas un simple livre qu'on lit mais un récit, un témoignage de vies que l'on découvre. Un monde où l'on s'attache à ses vivants. Ce livre, au travers des recherches de l'héroïne, n'est pas un simple rappel de mémoire mais une remise en cause de l'Homme. L'être humain a perdu son auto-critique. Il n'ose plus se poser les bonnes questions. On est aux premières lignes des aberrations militaires, sans oublier celles des gouvernements. Le patriotisme poussé jusqu'à son extrémisme : laisser mourir ses hommes plutôt qu'avouer son impuissance. Hélène Gestern nous rappelle la place de la femme dans la société, au siècle dernier, où elle était considérée totalement inférieure à l'homme. On reste abasourdi par tant de pensées arriérées mais la mentalité a-t-elle réellement changé depuis ? L'auteure, une fois de plus, nous montre dans ce récit que l'Histoire n'est pas un sujet désuet mais qu'il est d'une importance capitale : connaître le passé est le meilleur moyen de grandir, de comprendre ses erreurs pour ne pas les reproduire. Les livres d'antan, les photos délavées, la poussière s'accumulant sur le passé de l'homme ne représentent pas la mort mais une invitation à la découverte. Il ne tient qu'à nous d'ouvrir un livre, étudier une photo, rechercher sa généalogie ou celle des autres pour faire revivre un homme, une femme, une famille, une société, un pays, un monde. "L'odeur de la forêt" dégage une telle impression de vie, une telle puissance cachée que j'ai le sentiment que le nombre de pages se multiplie, pour mon plus grand plaisir, tant l'aventure est immense. On savoure ce livre, l'écriture d'Hélène Gestern. On est pressé de le finir tout en le redoutant car le plaisir touchera à sa fin. Je dois confesser avoir parsemé "L'odeur de la forêt" de pauses tant sa lecture est grande et nourrissante. La magnificence du livre nous oblige au repos pour ne pas exploser suite à une overdose de bonheur littéraire. Tout comme le poids des vies des protagonistes m'obligeait à reprendre des forces pour pouvoir à nouveau les retrouver, être au mieux pour les connaître et les comprendre davantage. "L'odeur de la forêt" est un livre où l'on pressent une puissance, et une fois entre les mains, on n'en sort pas indemne. On est subjugué par la beauté des mots, la force des vies passées, l'implacabilité de l'Histoire, la mémoire du présent et l'espoir pour le futur.
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