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19 novembre 2014

Le banc

Tu me manques mon Amour. Que le temps est long sans toi, je me sens si seul depuis ton départ. Il n'y a que ce banc pour me tenir compagnie, jour après jour je passe mon temps assis dans ce parc. C'est ici il y a précisément 21 ans qu'on s'est rencontrés ; je venais de perdre mon père. J'étais en plein désarroi, j'essayais de retenir mes larmes mais cela m'était impossible. Je ne t'ai pas vue venir. D'une voix mélodieuse, tu m'as dit "il ne faut pas pleurer monsieur, il n'y a pas mort d'homme". Je ne sais pas pourquoi mais j'ai ri, mes pleurs se transformèrent de tristesse en éclat de rire, car il y avait eu mort d'homme malheureusement. Tu fus surprise de ma réaction, ton sourire fut encore plus grand. Pour te taquiner, je t'avouai le décès de mon père. Tu fus toute confuse. Je me rendais compte....que tu étais très jolie. Impardonnable de penser ainsi dans de telles circonstances, mais juste avec une phrase, certes maladroite, et ta présence, toi l'inconnue, tu transformais soudain mon esprit mort en une envie de vie, une envie de te connaître. J'ai su tout de suite que tu étais la femme de ma vie, tu étais ma moitié, ma force, mon souffle. Notre rencontre sur ce banc fut le début de notre histoire d'amour. Le temps à tes côtés était magique, les jours passèrent à une vitesse folle. Les semaines se transformèrent en mois, puis en années. Mais tu étais toujours aussi resplendissante. Moi qui étais réfractaire au mariage, je me lançai en demandant ta main. Quel soulagement en entendant ton oui. Ma vie, notre vie était un rêve, mais tout le monde sait bien que le bonheur ne dure jamais. La maladie a poussé la porte de notre foyer, pour se loger en toi. Au début, elle était invisible, on ne se doutait de rien ; elle prit confiance face à notre insouciance. Elle nous nargua en te faisant oublier de nombreux détails, les insignifiants comme les plus précieux. La peur au ventre, je t'amenai chez notre médecin. Le verdict tomba. Alzheimer avait pris possession de ton âme. Tu étais toi sans l'être totalement. Le plus dur pour moi était mon impuissance, je ne pouvais rien faire pour t'aider à combattre cet affrontement perdu d'avance, je ne pouvais que prendre soin de toi. Je sais que c'est déjà beaucoup mais pour moi ce n'était jamais assez. C'est vrai que les jours où tu ne me reconnaissais plus n'étaient pas simples. J'ai connu le meilleur avec toi, mais jamais le pire car je t'ai toujours aimée, jusqu'à ton dernier souffle, je t'ai accompagnée jusqu'au bout de ta vie. J'ai senti ton soulagement quand la vie t'a quittée, j'ai même vu que tu avais repris le contrôle de ton corps et ton esprit. Le plus beau cadeau fut ton "je t'aime" avant de rendre ton dernier souffle. Depuis je viens tous les jours ici sur ce banc pour me rappeler notre première rencontre. J'ai peur, peur de t'oublier car je crois qu'Alzheimer a jeté son dévolu sur moi. Je lutte donc jour après jour pour ne rien oublier de notre vie, une vie remplie de joie et d'amour. Je ne me laisserai pas vaincre sans combattre. Je ne veux en aucun cas te perdre une seconde fois.

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